« La science nous enseigne que tout ce qui existe – pierre, étoile, grenouille ou
être
humain – est fait de la
même matière,
des mêmes particules élémentaires.
Seul diffère
l’état
d’organisation de ces particules les unes par rapport aux autres. Seul diffère le nombre d’échelons gravis
dans la
pyramide de la
complexité. »
Hubert Reeves,
L’heure
de s’enivrer.
(a) Théorie
de la connaissance
Le mobile le plus
immédiat qui nourrit l’enquête épistémologique résulte de la prise de
conscience accrue de nos
ignorances. Tout se passe comme si l’étendue de notre savoir jetait une ombre grandissante sur les objets auxquels s’appliquent nos facultés de
connaître. Plus nous savons et plus nous découvrons combien
nous ignorons. Personne ne croit plus, comme lord Kelvin au XIXe siècle, à l’achèvement prochain des sciences physiques, et l’on tend même à se
résigner à ce que nous demeurent voilées les
10-43 premières secondes de l’univers. S’efforcer de comprendre pourquoi nous nous trompons, pourquoi nous errons, pourquoi nos connaissances
semblent ainsi affectées d’une indélébile « tache
aveugle » : telle est l’ambition initiale des théories de la connaissance, contemporaines des grandes découvertes scientifiques.