L’épistémologie, dont il
est question dans ce volume, est l’étude de la science, ou plutôt des sciences. L’usage de ce mot et la conception qu’il exprime sont
relativement récents, puisqu’on ne les rencontre,
dans la littérature scientifique et
philosophique de langue française, qu’au début du XXesiècle, pour remplacer
l’expression antérieure de philosophie des sciences, qu’avaient employée
Auguste Comte et Augustin Cournot, et qui ne cesse pas d’être employée, en un
sens souvent plus large que celui désigné par l’épistémologie.
À ce titre, cette dernière se distingue
surtout de la théorie de la connaissance, telle qu’elle était entendue par les philosophes du XVIIe et du XVIIIesiècle,
qui s’étaient préoccupés déjà d’élargir, au contact de la science moderne, les anciennes
doctrines sur la connaissance
humaine. Apparemment plus fidèles à cette antique tradition, mais au mépris de
l’étymologie, selon laquelle l’épistémologie est un discours sur la science, les auteurs anglo-saxons désignent volontiers aujourd’hui par epistemology la théorie
philosophique et moderne de la connaissance,
qu’ils distinguent alors, et avec
raison, de la philosophie des
sciences proprement dite.