lunes, 30 de septiembre de 2013

Autonomie - Albert Jacquard



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L’autonomie, nous dit le dictionnaire, est la possibilité pour l’individu ou pour le groupe d’obéir à ses propres lois. Mais des le départ une ambiguïte se presente.

En effet le mot « loi » désigne trois catégories de contraintes : d’une part les lois de la nature, qui sont supposées être restées immuables depuis les instants qui ont suivi le mythique événement fondateur désigné par le terme « big-bang », d’autre part les règles du vivre-ensemble adoptées par chaque société humaine, enfin les normes de comportement que nous nous imposons à nous-mêmes au nom de principes éthiques liés à la définition que nous nous proposons nous-mêmes. Les premières sont des données su lesquelles nous n’avons pas de prise, elles s’imposent et nous ne pouvons que nous incliner, que « faire avec », quitte parfois à nous en arranger en les détournant. Les deuxièmes sont le résultat de décisions humaines nécessairement arbitraires, donc révisables : c’est le consentement général qui leur donne puissance. Quant aux troisièmes, elles sont une affaire entre moi et moi ; elles résultent d’une autoconstruction qui découle de la prise de conscience de mon existence et du désir de « donner un sens » à mon parcours. [...]

Finalement, il s’agit moins, pour être autonome, d’être maître de soi que de choisir, lorsque cela est possible, nos soumissions. [...] L’éducation devrair nous aider à prendre conscience de nos soumissions, parfois bien camouflées par l’acoutumance [...].

La liberté n’est pas le caprice, elle est la possibilité de participer aux échanges qui aboutissent à una choix collectif des règles. C’est la capacité de se donner à soi-même la loi que nous dicte notre propre raison. Le refus de toute contrainte, de toute loi, c’est par consequent l’impossibilité de vivre avec les autres.

En effet la liberté n’a de sens que dans un rapport aux autres. Seul sur une île déserte je ne suis ni libre ni contraint. Je suis dans une situation où la liberté n’a pas de définition. N’oublions pas que la liberté de parole, par exemple, s’obtient en acceptant les contraintes de la grammaire.

Nouvelle petite philosophie Albert Jacquard (2005)

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