L’autonomie, nous dit le dictionnaire, est
la possibilité pour l’individu ou pour le groupe d’obéir à ses propres lois.
Mais des le départ une ambiguïte se presente.
En effet le mot « loi » désigne
trois catégories de contraintes : d’une part les lois de la nature, qui
sont supposées être restées immuables depuis les instants qui ont suivi le
mythique événement fondateur désigné par le terme « big-bang »,
d’autre part les règles du vivre-ensemble adoptées par chaque société humaine,
enfin les normes de comportement que nous nous imposons à nous-mêmes au nom de
principes éthiques liés à la définition que nous nous proposons nous-mêmes. Les
premières sont des données su lesquelles nous n’avons pas de prise, elles
s’imposent et nous ne pouvons que nous incliner, que « faire avec »,
quitte parfois à nous en arranger en les détournant. Les deuxièmes sont le
résultat de décisions humaines nécessairement arbitraires, donc
révisables : c’est le consentement général qui leur donne puissance. Quant
aux troisièmes, elles sont une affaire entre moi et moi ; elles résultent
d’une autoconstruction qui découle de la prise de conscience de mon existence
et du désir de « donner un sens » à mon parcours. [...]
Finalement, il s’agit moins, pour être
autonome, d’être maître de soi que de choisir, lorsque cela est possible, nos
soumissions. [...] L’éducation devrair nous aider à prendre conscience de nos
soumissions, parfois bien camouflées par l’acoutumance [...].
La liberté n’est pas le caprice, elle est
la possibilité de participer aux échanges qui aboutissent à una choix collectif
des règles. C’est la capacité de se donner à soi-même la loi que nous dicte
notre propre raison. Le refus de toute contrainte, de toute loi, c’est par
consequent l’impossibilité de vivre avec les autres.
En effet la liberté n’a de sens que dans
un rapport aux autres. Seul sur une île déserte je ne suis ni libre ni
contraint. Je suis dans une situation où la liberté n’a pas de définition.
N’oublions pas que la liberté de parole, par exemple, s’obtient en acceptant
les contraintes de la grammaire.
No hay comentarios:
Publicar un comentario